Tribune - Finance : « Face à l'essor fulgurant des ETF, tirons les leçons du Japon »
Finance : « Face à l'essor fulgurant des ETF, tirons les leçons du Japon »
Dans leur tribune publiée le 21 avril 2025 dans Les Echos, Catherine Berjal et Anne-Sophie d’Andlau, alertent sur les risques de l’essor important des ETF et de la gestion passive, qui a dépassé la gestion active aux États-Unis en 2024 et progresse en Europe. Dopée par la quête de frais réduits, la gestion passive, promue par des régulateurs comme l’ACPR, marginalise les fonds actifs, incapables de concurrencer des frais de 0,15 % tout en finançant la recherche. Pourtant, la gestion active est cruciale pour évaluer les entreprises et diversifier les stratégies d’investissement.
Les auteures soulignent que la surperformance des grandes capitalisations, comme les « Magnificent 7 », alimente les ETF indiciels, concentrant les investissements et fragilisant l’économie réelle. Cette polarisation réduit la recherche sur les petites et moyennes capitalisations, menace leur financement et limite le contre-pouvoir face aux dirigeants. Les fonds passifs, très souvent alignés sur les recommandations des proxy advisers américains, manquent de sensibilité aux spécificités européennes, comme illustré par la scission de Vivendi, qui a amplifié la décote de holding de 35 % à 55 %.
Face à ce « pilotage automatique », Catherine Berjal et Anne-Sophie d’Andlau citent le Japon comme contre-exemple. Les réformes Abenomics, dès 2012, ont promu une gestion active et engagée, renforçant la gouvernance et stimulant la performance des indices comme le Nikkei (+28 % depuis 2022). En Europe, les auteures appellent à redonner sa place à la gestion active pour préserver le discernement, la gouvernance et la vitalité économique. Sans ce rééquilibrage, l’uniformisation des investissements risque de nuire aux marchés et à l’économie réelle, marginalisant les PME et affaiblissant la responsabilité actionnariale.